Les premières récoltes laissent présager des moissons compliquées pour les agriculteurs céréaliers. Selon Agreste, le service des statistiques du ministère de l'Agriculture, 2020 pourrait être l'une des pires années depuis 2004.
Depuis quelques jours, les moissonneuses-batteuses sont entrées en action dans les cultures céréalières. L’occasion pour les agriculteurs de récolter le fruit d’une année de travail. Mais cette année, la campagne des moissons pourrait bien avoir un goût amer, tant les prévisions de production sont médiocres.
Selon les estimations au 1er juillet d’Agreste, le service de statistiques du ministère de l’Agriculture, la production de blé tendre atteindrait 31,3 millions de tonnes cette année, soit la deuxième plus faible récolte depuis 2004 après celle de 2016. Elle baisserait ainsi de 20,8% par rapport à 2019 -année qui reste toutefois exceptionnelle- et de 11,3% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
La récolte de blé dur, qui sert notamment à faire des pâtes ou de la semoule, est quant à elle attendue en chute de 14,7% sur un an "sous l’effet du recul des rendements" tandis que l’orge devrait régresser à 12,3 millions de tonne, là-encore en raison du recul des rendements. Egalement attendus en baisse, les rendements en colza pourrait entraîner une chute de la production de 35% par rapport à la moyenne de 2015-2019.
S’il ne s’agit pour l'heure que de prévisions, nombreux sont les exploitants et ouvriers agricoles à témoigner sur les réseaux sociaux d’un début de récolte décevant.
Mauvaises conditions climatiques
Président de l'Association Générale des Producteurs de Blé et autres céréales (AGPB), Eric Thirouin refuse de s'avancer sur des chiffres même s'il reconnaît que 2020 "sera sans doute une mauvaise année". "On voit déjà les premiers résultats en orge d'hiver qui décrochent dans la plupart des départements. En blé dur, cela commence tout juste mais on attend aussi des blés extrêmement faibles", ajoute-t-il.
Rien de vraiment étonnant au regard des conditions climatiques des derniers mois. D'abord, les fortes pluies de l'automne ont rendu les sols extrêmement humides et entraîné "des difficultés d'implantation de semis", détaille Eric Thirouin. A l'inverse, le printemps fut particulièrement chaud et sec, ce qui a provoqué l'assèchement des cultures et obligé certains agriculteurs a débuté les moissons avec parfois quinze jours d'avance.
Si la quantité ne devrait pas être au rendez-vous, le président de l'AGPB dit ne pas avoir "d'inquiétude particulière" sur la qualité. Mais les situations s'annoncent très hétérogènes d'un département à l'autre. Certaines zones ont par exemple été sauvées par des orages survenus peu de temps avant le début des récoltes quand d'autres n'ont pas pu bénéficier de ces pluies salvatrices. "Il va y avoir des écarts importants", prédit Eric Thirouin.
Invasion de pucerons
L'autre préoccupation des agriculteurs céréaliers vient de la prolifération des pucerons sur certaines cultures. "Il y a eu des parcelles où c'était limite inutile de récolter tellement elles ont été attaquées par les pucerons qui ont déclenché la jaunisse nanisante", déplore Eric Thirouin. Il s'en prend directement le gouvernement qui interdit "de plus en plus les moyens de protection des cultures, notamment contre les insectes". Ciblant la loi biodiversité à l'origine de l'interdiction des néonicotinoïdes en 2018, il estime qu'il "est totalement inconcevable d'appliquer des interdictions avant même que les chercheurs aient trouvé des solutions alternatives".
"On espère que les ministres qui viennent d’être nommés reprendront un peu plus de pragmatisme et colleront à la réalité, sinon la conséquence de tout ça c’est qu’au lieu d’avoir une alimentation française saine on aura une alimentation qu’on ira chercher à l’étranger", prévient-il.
Face à des quantités probablement en baisse, faut-il s'attendre à un effet sur les prix? Probablement pas. Les prix des céréales dépendant du marché mondial, une mauvaise production en France peut être compensée par une meilleure production dans d'autres pays. Quant aux exportations, rien n'est encore perdu pour les agriculteurs céréaliers. Car s'il y aura sans doute moins de quantités de blé ou d'orge à vendre à l'étranger, la production de maïs, en particulier pour l'alimentation animale, pourrait en partie limiter la casse.
July 08, 2020 at 12:48PM
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Blé, orge, colza... 2020, une année catastrophique pour les moissons? - BFMTV.COM
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