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Wednesday, July 15, 2020

Vers une très faible récolte de blé français en 2020 - L'Humanité

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Tandis que le soleil promet encore de rayonner sur la France pendant une bonne semaine,  les moissons  sont déjà bien engagées dans plusieurs régions du pays  et les rendements sont décevants. Les premières récoltes donnent à penser que la production de blé tendre en France sera inférieure  de 20% à la moyenne des cinq dernières années  et de 30%  à 35% en dessous de celle de  2019 dans certaines régions. Ces rendements décevants sont imputables aux conditions climatiques  qui furent globalement défavorables depuis le début de l’automne  2019.  Dans un premier temps, les semis d’automne ont tardé à germer dans des sols trop secs. Dans un second temps, les pluies devenues quotidiennes ont parfois inondé les champs et pourrit  le blé en herbe tandis qu’il a fallu repousser au printemps une partie des semis que l’on devait faire en automne.

Au printemps, le temps sec de mars et avril a retardé  la levée  des semis, tandis que les corbeaux  et autres volatiles profitaient de la situation pour se gaver à bon compte. Ce fut le cas  pour le blé de printemps, mais aussi pour l’orge, le maïs et même le tournesol qui sert à produire de l’huile. Plus tard, des gelées tardives sont intervenues dans certaines régions au moment ou les végétaux produisaient « leurs cellules sexuelles » une période  qui ne dure que quelques jours. Deux mois plus tard, il suffit d’observer les épis  à l’approche de la moisson  pour constater que certains sont remplis de grains, tandis que d’autres sont totalement vides   bien que d’apparence normale au premier regard. Comme le printemps a connu des pics de chaleur qui ont favorisé le stress hydrique, on constate aussi que beaucoup d’épis portent cette année des grains très rabougris avec peu de farine  à l’intérieur.

Baisse sensible des surfaces au Royaume Uni

 Pour le moment,  on ne sait pas trop quelles sont les prévisions de récolte pour l’ensemble des pays membres   de l’Union européenne. Mais ils ne sont pas bons dans le pays qui a décidé d’en sortir. En raison d’une forte pluviométrie durant l’automne 2019, les semis de blé tendre au Royaume Uni sont passés de 1,8 million d’hectares  pour la récolte de l’an dernier à 1,2 million d’hectares  pour celle de cette année. Il y aurait actuellement  entre 300.000 et 400.000  hectares de terres  céréalières en jachère non voulue de l’autre côté de la Manche. Enfin, comme   la France, le Royaume Uni a connu des périodes de sécheresse et de forte chaleur à plus de 30°C  dans ses zones céréalières au printemps, ce qui va faire chuter les rendements.

La Russie pourrait limiter ses exportations

Depuis un an, le prix de la tonne de blé tendre a fluctué entre 170 et  190€ la tonne rendue au port de Rouen pour l’exportation. Cela  donne un prix moyen inférieur de 10%  à celui des douze mois précédents. Comme les stocks de report sont conséquents au niveau mondial, les spéculateurs  n’ont pas éprouvé le besoin de spéculer à  la hausse pour le moment. Mais, si la récolte de 2020 devait être nettement moins bonne  que ne le laissaient prévoir les estimations, la spéculation pourrait repartir. Comme elle l’a déjà fait ces derniers mois, la Russie a annoncé qu’elle pourrait, l’an prochain, instaurer des quotas d’exportation en seconde partie de campagne, afin de garantir sa consommation intérieure. Mais cela  peut aussi être vu comme un argument de  vente en début de campagne, le blé russe ayant généralement un taux  élevé de protéines très apprécié des pays importateurs.

Néanmoins, il conviendrait de tirer des leçons  de cette situation mondiale incertaine. La chute des rendements en 2020 nous indique que le réchauffement climatique rendra de plus en plus incertaines les récoltes de denrées alimentaires dans les prochaines décennies. Par ailleurs, l’absence  de politique  visant à constituer des stocks mondiaux de report chaque année  au moment  de la récolte  peut déboucher sur des risques de pénuries et des spéculations à la hausse. On n’a toujours pas tiré les leçons  des émeutes de la faim  des années 2007-2008. En attendant, le métier des paysans chargés de produire notre nourriture quotidienne   est rendu de plus en plus anxiogène faute d’avoir des prix permettant de couvrir les coûts de production.  




July 15, 2020 at 05:00AM
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